Le site de Donzy est traversé par le sentier pédestre du Monorail.
Il y a de nombreuses anecdotes concernant l’histoire du monorail de Feurs à Panissières, et les quelques lignes suivantes ont volonté de retracer les faits principaux de sa courte existence.
A la fin du 19ème siècle, la ville de Panissières avait une industrie importante de fabrication de toiles, de linge de maison et surtout de soierie puisque Panissières était la capitale de la cravate. Entre 1870 et 1880, la ville se trouvait à l’écart des voies de communication et réclamait une liaison ferrée avec Feurs pour le développement ou la survie des tisseurs. Feurs était en effet située sur la RN82, assurant ainsi une liaison avec Paris par le Bourbonnais et Lyon, et était desservie par le chemin de fer avec la troisième ligne construite en France entre Andrézieux et Roanne.
En 1888, la déclaration d’utilité publique est prononcée, et le projet de Charles Lartigue est préféré à un système plus classique pour des raisons de coût. Il repose sur un moyen de transport à rail unique, calqué sur le modèle existant entre Listowel et Ballybunion en Irlande.
Le cahier des charges prévoit en autre une ouverture de la voie fin 1892. En février 1893, le tracé est validé et les travaux débutent en janvier 1894….
Le tracé retenu avec un denivelé d’environ 300 m, longe la vallée de la Loise et de la Charpassonne en passant par Donzy, Salvizinet et Cottance. Les cinq premiers kilomètres sont dans la plaine, ensuite, il faut escalader les contreforts des « Montagnes du Matin », avec une pente moyenne de 30‰.
Il comporte cinq gares sur les 16,8 km de son trajet. Aucun tunnel ni passage à niveau n’est prévu et ceci pour éviter les contraintes liées à la traversée des voies de circulation.
Le matériel prévu comporte 2 locomotives construites par les établissements Bietrix de Saint-Etienne, 5 voitures (3 voitures de 3ème classe et 2 mixtes 1ère et seconde classe) pouvant recevoir chacune 26 personnes, 3 fourgons avec compartiment postal et 13 wagons réalisés par la société ANF – Blanc Misseron. La première machine à vapeur (« Feurs ») est livrée en 1894, la seconde (« Panissières ») est prévue en 1898 car déjà la société exploitante connait des défauts de paiement.
En 1895, le préfet de la Loire est informé que les travaux sont suffisamment avancés pour permettre une ouverture au public. Les essais officiels sont prévus pour le 22 Août. Afin de préparer cette réception, des essais préliminaires se déroulent les 17 et 20 Août. Lors des essais du 20 août, sur le trajet de son retour à Feurs, le train déraille et entraine la dégradation de la voie sur 22 mètres environ. Après des réparations le convoi peut enfin regagner Feurs. La commission nommée par le préfet se réunit comme prévu le 22 août et refuse la mise en exploitation car les constructions des gares ne sont pas réalisées, la ligne est trop légère et la seconde locomotive n’est toujours pas reçue.
Faute de moyens financiers les travaux ne seront jamais achevés. La commission nommée par le préfet se réunit le 14 août 1896 pour effectuer le trajet de Feurs à Panissières avec les notables régionaux dont le sénateur Francisque Reymond et les administrateurs de la compagnie.
Le « voyage » s’arrête à 10 km de Feurs car la locomotive ne produit pas suffisamment de vapeur et après environ 1 heure, le convoi reprend jusqu’à la gare de Cottance.
La commission refuse une nouvelle fois l’autorisation d’exploitation, et lors du conseil général du 21 août 1896, le principe de la déchéance est adopté.
Le sénateur Reymond obtient que le rapporteur soit un de ses amis qui propose un compromis, qui, contre toute attente, est accepté par le préfet.
Dans ce compromis, c’est le conseil général qui alloue une somme de 600.000 francs nécessaires au renforcement de la ligne et autres finitions. Après des travaux complémentaires, la commission donne son accord pour l’exploitation provisoire de la ligne Feurs-Panissières sous conditions.
Mais c’est la compagnie du monorail qui déclare ne pas avoir les ressources nécessaires à l’exploitation.
La déchéance est signée le 10 avril 1899. Le 5 mai 1902 le matériel est adjugé à la société Chenavaz, ferrailleur à Lyon pour la somme de 53.000 francs.
L’ancienne voie de chemin de fer propriété du département de la Loire jusqu’en 1977, a été rétrocédée aux communes riveraines qui l’ont depuis réaménagée d’un commun accord en chemin de randonnée pédestre.
Ce « fiasco » aurait pu laisser de mauvais souvenirs et se faire oublier. Il n’en est rien, les Panissièrois ont fait une célébrité de leur « drôle de machine » qui est considérée comme une richesse du patrimoine local.