L’Église
Son histoire
L’histoire du site de l’église de Salt remonte à l’antiquité gallo-romaine. Des fouilles archéologiques ont permis de découvrir dans son sous-sol de très beaux murs gallo-romains, vestiges d’un ancien temple romain, ainsi que des fragments de briques, de poteries gallo-romaines et du verre.
Au croisement de deux chaussées romaines, Salt était en effet il y a 2000 ans une petite ville gallo-romaine devant son importance à une source minérale d’eau chaude (le « Gour Chaud ») qui était alors exploitée par des thermes. Sal, le nom primitif de Salt, signifie d’ailleurs « qui jaillit », allusion directe à cette source.
Jusqu’au 11ème siècle l’église, alors église Saint-Julien de Sal, ainsi que ses dépendances, sont la propriété de l’illustre famille Calvus de Sal.
En 1018, Girin et Jarenton Calvus de Sal, seigneurs de Donzy, firent donation de ces édifices, décrits comme dans un grand état de vétusté, à l’abbaye de Savigny. L’acte la donation, archivé au musée du diocèse de Lyon, est consultable sur cette page.
Le bâtiment principal, massif et carré, aux murs épais et doté d’une tour octogonale, devint alors un prieuré bénédictin, fondé pour gérer les revenus de la paroisse.
Des fouilles récentes ont restitué les fondations de cette église primitive de 1018. Elle possédait trois absides au chevet, très visibles sur le côté nord de l’église actuelle. Son sous-sol comportait de nombreuses sépultures du Haut-Moyen-âge avec leurs rites funéraires (ablation des pieds, réduction de squelettes). Des fragments d’os gravés et une monnaie burgonde les accompagnaient ainsi que dix poteries sanitaires posées ouvertures en bas.
Cette église préromane fut démolie au début du 12ème siècle et ses matériaux réintégrés dans une nouvelle église, plus grande et à l’usage des moines et de la paroisse qui se développait autour du prieuré.
En 1470 après plusieurs tentatives soldées par des échecs, un accord est signé entre le curé de Feurs, le prieur de Randan, l’abbé de La Bénisson-Dieu, l’abbé de Savigny et le chapitre de Montbrison, au sujet de la répartition des dîmes, droits aux baptêmes, etc…
L’église a ensuite subi de gros dégâts durant les guerres de religions. La nef fut incendiée en 1562 et sa charpente apparente s’écroula avec le toit. L’église fut alors réduite à son seul transept, séparé de l’extérieur par une cloison prenant appui sur des poutres logées dans les cavités visibles sur les piliers de l’arc triomphal.
Cet état de choses dura près de cinquante ans, après quoi, à partir de 1614, furent entrepris de grands travaux de restauration qui modifièrent notablement l’aspect de l’église.
Une voûte en brique fut rajoutée à la nef avec des tirants pour contenir les poussées sur les murs latéraux. Les ouvertures de cette nef et celle de l’abside au centre furent agrandies.
Puis la façade fut refaite en style classique avec un oculus éclairant l’intérieur.
Ce faisant beaucoup de portes et d’ouvertures furent obstruées (qui furent retrouvées lors de la restauration de 1977).
La sacristie fut construite en obstruant la belle ouverture romane qui se voit à l’abside côté gauche, ainsi qu’une autre ouverture à barreaux éclairant le croisillon nord côté est.
Toute l’église fut ensuite enduite de plâtre peint en faux marbre.
A la Révolution les bâtiments sont vendus comme biens nationaux. L’église est alors transformée en temple de la raison puis entretenue assez régulièrement.
En 1977, grâce aux pouvoirs publics, aux habitants de Salt et au Père Beroujon leur Curé, l’église fut rénovée par l’entreprise de maçonnerie de M. Maurice Gord. Ce Saltois a remis à jour toutes les belles pierres en faisant tomber les enduits et trouvé le crépi ancien à la chaux qui a convaincu les Bâtiments de France de donner leur autorisation pour cette restauration.
L’église fut ainsi rétablie dans sa disposition primitive et on découvrit alors les arcatures du croisillon sud, la porte du clocher, l’arc en tiers-point de l’ouverture sud et la «porte des moines» du croisillon nord (car ils entraient probablement au chœur par cette porte).
Trois absidioles de l’édifice primitif également furent découvertes (l’une à l’extérieur, au sommet du jeu de boules qui touche actuellement l’église au nord).
Enfin, dans l’abside, une cavité formant « dépositorium » fut dégagée et forma le tabernacle actuel. Le dépositorium était à l’origine un tabernacle inviolable, solidement fermé, où l’on plaçait les saintes espèces lors des périodes troublées. En temps normal, elles étaient placées à proximité de l’autel ou dans la «colombe» suspendue au-dessus de celui-ci.
Signalons encore qu’un autel, de facture romane, se trouvait dans le croisillon sud: socle en maçonnerie, pierre d’autel assez semblable en dimensions à l’autel actuel, mais en mauvais état. Etait-ce l’autel matutinal ?
Visiter l’église de nos jours
L’église actuelle, aujourd’hui église paroissiale, est un édifice roman du 11ème siècle, d’influence méridionale.
On retrouve dans la construction, d’un aspect assez austère et fruste (seulement deux chapiteaux très simples), des matériaux de réemploi d’origine romaine.
Le chœur lui-même, datant du 11ème/12ème siècle, est roman avec des ouvertures en plein cintre: la petite fenêtre de gauche donne la dimension primitive, les autres ouvertures ayant été élargies trois ou quatre cents ans après.
La nef de son côté est en grande partie issue du 17ème siècle.
Les croisillons du transept, très marqués, sont décorés d’arcatures dont l’une, à droite, dotée d’un fût de colonne ayant probablement supporté un autel, se terminait par une absidiole peinte.
A la croisée du transept (à la croisée des deux bras de la croix), une coupole en blocage sur trompes rudimentaires et quatre énormes piliers de granit supportent le clocher. Chaque pilier comporte trois redans afin de donner plus de légèreté à l’ensemble.
Deux de ces piliers sont couronnés de chapiteaux très simples: ce sont les seules sculptures de l’édifice (il ne faut pas oublier en effet qu’à l’origine il s’agit d’une église de prieuré et que les prières des moines durant les offices ne devaient êtres distraites par aucune image de pierre).
Ces quatre piliers avaient donc à supporter le poids énorme du clocher, lequel risquait de faire se disloquer la voûte.
C’est pourquoi les maîtres d’œuvre de ce temps ont trouvé un artifice architectural admirable: juste sous la base du clocher, aux quatre angles, ils ont construit une petite voûte, si bien que le poids se répartit, non plus sur quatre mais sur huit murs. Cette façon de construire est très caractéristique du style roman.
De l’entrée sud de l’église par la petite porte, on a une vue admirable sur la coupole supportant le clocher.
De ce même côté du midi, dans le bras droit du transept, le mur plein est soutenu par deux arcades en plein cintre. Entre les deux subsiste un fragment de colonne, vestige du temple romain sur les ruines duquel fut élevé le prieuré de Salt.
Un bénitier à l’entrée, une cuve formant baptistère et un fragment de chapiteau préroman retrouvé dans le dépositorium témoignent encore de l’église de 1018.
Suivant un arrêté ministériel du 3 novembre 1964, sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques le transept et l’abside (y compris le clocher).
Par arrêté préfectoral du 11 juillet 1983, une très belle statue de Saint Alban en bois doré du 18ème siècle est également inscrite à l’inventaire des objets mobiliers classés.
Notre église, très accueillante, est libre d’accès du matin au soir tous les jours. Nous espérons que cet article et le petit pêle-mêle de photos qui le termine éveilleront votre envie de venir lui rendre une petite visite…